Il s’est installé sur les marches du grand escalier et regarde les voyageurs passer.
Depuis presque deux ans, il est exclu de la société.
Les gens l’ont regardé à la dérobée.
Ils n’ont vu de lui que son corps incrusté de saleté,
Mais ils n’ont pas vu le froid le glacer à travers ses vêtements déchirés.
Les gens ont regardé son visage émacié.
Ils n’ont vu de lui qu’un corps fatigué,
Mais ils n’ont pas vu la faim le tenailler.
Les gens l’ont entendu parler.
Ils l’ont entendu se lamenter,
Mais ils ne l’ont pas écouté alors qu’il récitait son identité pour ne pas oublier
Son nom, son prénom, son ancienne adresse, son ancien métier.
Les gens lui ont parlé.
Certains ont crié qu’il devait s’en aller,
D’autres ont vu en lui de la dignité
Et en l’appelant Monsieur lui ont redonné un peu d’identité.
Il veut travailler mais il n’a pas de foyer.
Combien de temps encore pourra-t-il ainsi continuer ?
Janvier 2016
Pascale CHOISEL